Journée nationale d’hommage d’hommage aux victimes du terrorisme

Mis à jour le 14/03/2022
Vendredi 11 mars 2022
Le Préfet de Seine-et-Marne a présidé la cérémonie d'hommage aux victimes du terrorisme en présence des forces de sécurité, élus et élèves engagés au sein des Cadets de la Gendarmerie nationale et des Cordées de la Réussite.

Discours de M. Lionel Beffre, Préfet de Seine-et-Marne à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme

Esplanade Arnaud Beltrame, Melun

Ce 11 mars 2022 est la journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme. Cette date, choisie par l’Union européenne en souvenir de l’attentat commis à Madrid à l’intérieur de la gare d’Atocha, le 11 mars 2004, nous rassemble aujourd’hui dans une communauté de destins qui transcende les frontières.

Depuis une décennie déjà, notre pays est victime de nombreuses attaques terroristes, d’une violence inouïe. Nous sommes, en effet, dix ans jour pour jour après le début des attentats de Toulouse et de Montauban.

À ce titre, la commémoration est ce que la Nation doit à tous ceux qui ont été balayés par la violence du terrorisme, à ceux qui se sont relevés meurtris, à ceux qui ne se relèveront pas.

C’est aussi une réponse à tous ceux qui ont versé le sang sur le sol de la France, sur les terres d'Europe, partout dans le monde, un avertissement aux groupes qui ourdissent encore des projets de terreur, une promesse d'unité, de souvenir, d'action. L'unité d'abord et toujours, l'unité de l'Europe, à l’heure où se tient un sommet crucial à Versailles en ce moment même, l'unité de la nation française rassemblée dans sa diversité d’âge ce matin sur l’esplanade Arnaud Beltrame.

Toutes les forces de sécurité intérieures et civiles du département présentes ce matin sur l’esplanade, avec le délégué militaire départemental adjoint également présent, forment notre premier rempart face au terrorisme : au quotidien, ils évitent des passages à l’acte grâce au suivi des radicalisés dans notre département, et peuvent tous faire usage de leur arme en cas de « cavales meurtrières » terroristes. Ils sont là aussi pour secourir et soigner même sous le feu des balles.

Je m’incline devant le courage de toutes celles et ceux qui sont ainsi intervenus, parfois jusqu’au sacrifice ultime à l’image du Colonel Arnaud Beltrame à Trèbes le 23 mars 2018. Leur courage n'était pas en effet le sursaut de l'instant. C'était l'élan citoyen de femmes et d'hommes prêts à donner leur vie pour leurs compatriotes.

C'est cela, une nation, une chaîne fraternelle, une chaîne solidaire, pouvoir compter les uns sur les autres. Et aujourd'hui, la nation entoure les familles, les proches de ceux qui sont tombés, de toute son affection. Les enfants orphelins deviennent des pupilles de la nation. 15 pupilles de la nation sont actuellement suivis et pris en charge par mes services (Office national des anciens combattants et victimes de guerre, rattaché au cabinet du Préfet).

Ils sont pris sous l'aile protectrice de la République. Les conjoints endeuillés sont soutenus. Les blessés bénéficient d'une prise en charge spécifique. Et quel que soit le pays d'origine des victimes, les familles de tous ceux qui sont morts sur le sol de France sont accompagnées.

Se souvenir. Se souvenir sans relâche, ensemble. Assassinats de masse, attentats suicides : les terroristes tuent de manière aveugle. Ils cherchent à supprimer jusqu'aux traces même des existences fauchées. À tous les projets d'oubli et d'effacement, la nation résistera. Nous dirons les noms, nous nous souviendrons des visages. Je pense notamment à celui du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, lâchement assassiné dans le département voisin des Yvelines par un terroriste islamiste, après avoir voulu enseigner le concept de laïcité à ses élèves. Il connaissait bien la Seine-et-Marne où il avait transmis son savoir avec passion et engagement. La présence des cadets de la gendarmerie et des cordées de la réussite honorent ici sa mémoire.

Nous nous souviendrons des noms et des lieux de ce département touchés à plusieurs reprises au cours de la dernière décennie. D’abord en mars 2010 à Dammarie-les-lys, où le brigadier chef de la Police Nationale, Jean Serge Nérin, est tombé à l’occasion d’une fusillade de l’Organisation Indépendantiste basque ETA, puis en janvier 2015 lors de l’assaut de Dammartin en Goële, mettant fin à la course folle des terroristes de Charlie Hebdo. Le lâche assassinat de la gardienne de la paix Aurélia Trifiro à la Préfecture de Police en octobre 2019 vient clore cette triste décade. Elle résidait à Combs la ville avec sa famille, où nous lui avons rendu hommage en 2020, à l’occasion de cette même journée de souvenir des victimes du terrorisme.

Il nous faut analyser les évolutions, les causes, les racines du terrorisme, lutter contre les ferments de haine sans jamais rien justifier ni excuser.La lutte antiterroriste se mène au quotidien, sans relâche, en France,
en Europe et sur des théâtres d’opération extérieure. Les moyens humains, matériels, juridiques du renseignement et des forces de sécurité ont été considérablement renforcés. Mais c’est aussi à chacune et chacun d’entre nous de faire oeuvre chaque jour de vigilance.

Face à la menace terroriste qui est toujours très élevée, nous ne renoncerons à rien. Nous ne renoncerons pas à la liberté, à la liberté de croire ou de ne pas croire, à la liberté de penser, de dire, de dessiner. Nous ne renoncerons pas à l'égalité entre tous les citoyens, à l’égalité entre les femmes et les hommes (nous avons célébré mardi 08 mars la journée internationale des droits des femmes). Nous ne renoncerons pas à la fraternité. Nous ne renoncerons à aucune des valeurs de la République ni à cet esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte.

Nous ne renoncerons à aucune des valeurs de la République ni à cet
esprit de résistance qui fait la République si grande, la France si forte.

Je vous remercie.